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SH LE MÉI.ODRAMI'.

Un tel sacriiice émeut d'abord Edouard, qui se sefit aimé. Il promet d'épouser la jeune fille. Mais, rentré dans son pays, il oublie vite Alice, qui, éperdue, ne se pouvant pas croire abandonnée, vient le retrouver, au moment même où s'agitent pour lui d'autres projets de mariage. La nuit, dans la rue, près du cimetière, elle est suivie par trois hommes à mine patibulaire.

Le théâtre change. C'est le cabinet d'Edouard, reve- nant à ses études d'anatomie. Les pourvoyeurs de cadavres viennent de lui apporter un (( sujet » enve- loppé d'un linceul.

Edouard. — Qu'est-ce donc que j'éprouve... J'ai froid... un trisson involontaire... Ne suis-je pas familiarisé depuis long- temps avec l'aspect du trépas? Pour la première fois, je fré- mis en approchant un linceul... c'est affreux, la mort... Sur- montons cette faiblesse. (Il s'approche de la table et soulève le linceul.) Grand Dieu !... qu'ai-je vu ?... Alice... Alice... oh, malheureuse !

SiR, Jack, accouranl. — Je viens savoir...

Edouard, dans le plus grand désordre. — Tenez... la voilà... elle est morte, et son assassin, c'est moi... moi !... {Il tombe inanimé aux pieds de Sir Jack, la face contre terre. Stupélaction générale.)

Tout est sujet à Pixerécourt. Le mélodrame histori- que dont Tékéli a ouvert la série, abonde dans son œuvre, l'histoire se prêtant naturellement à quelques modifications, quand elle n'est pas suffisamment « théâ- tre ». Tous les temps sont évoqués, et tous les pays. Il refait à sa façon la tragédie des Barmécides, de la Harpe, qui n'avait eu que onze représentations, et la nouvelle version, les Ruines de Babylone, en obtient trois cent dix-huit. C'est l'histoire du vizir Giafar que le calife Haroun-al-Raschid a marié à sa sœur Abassa, devenue Zaïda au théâtre de la Gaîté afin d'éviter un fâcheux calembour ; mais le cahfe, persuadé que le sang des Abassides ne peut être mêlé sans sacrilège à celui d'une autre race, a exigé de Ciafar le serment de ne pas user de ses droits