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84 LE MÉLODRAME

celui que lui a donné la nature et celui que lui a imposé l'intrigue. C'est Clara, adroite et ingénieuse, et n*a3'ant pas non plus froid aux yeux, portant avec aisance un costume de matelot, puis un costume de jockey, qui saura s'introduire auprès de Séraphine et lui révéler la vérité. Mais il s'en faut encore d'un acte et demi que Séraphine retrouve don Alvar.

Pixerécourt n'a pas renoncé aux souterrains et tous les personnages se retrouvent dans une vaste citerne abandonnée, qui sert de repaire à une bande de bri- gands.... C'est Picaros, ancien bandit lui-même, qui, converti et dévoué à cette Séraphine, qu'il était chargé d'abuser, dénouera heureusement la pièce, retombant trop dans la première manière du mélodrame, après qu'une situation ingénieuse s'est dessinée.

C'est dans le Monastère abandonné ou la Malédic- tion paternelle (Gaîté, 1816) que se trouve la phrase souvent citée : (( Banni des Etats de Gênes, avec dé- fense de porter jamais le nom de Pietro... » (Acte I, scène III.} Et Pietro s'appelle désormais Gérard, et pour expier le fratricide, qu'il croit avoir commis, et qui lui a valu la malédiction de son père, il se plaît à des œuvres charitables, et il offre l'hospitalité aux voyageurs dans le vieux monastère qu'il habite, en Provence. Un de ces voyageurs, le marchand Ducou- drais, est assassiné, une nuit, dans cette maison. Par qui ? Tout accuse Pietro-Gérard, jusqu'à la passion qu'il nourrissait pour une jeune veuve, dont Ducou- drais allait faire sa femme. Il y avait bien, à l'heure où le crime a été commis un autre individu, sous le même toit, mais celui-là, Bastien, est paralysé.

Pietro-Gérard accepte, comme une fatalité de la ma- lédiction qui pèse sur lui, cette monstrueuse inculpa- tion. A peine a-t-il la force de protester contre elle. Mais le soldat Bellerose, seul défenseur du malheu- reux, soupçonne Bastien, contre lavis de tout le monde