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plus fort : un fâcheux incident vient abattre sa su- perbe. Un parent de M. de Fersen, le major de Goltz, qui se trouve au château, accourt au bruit de la que- relle, reconnaît en Fritz un ancien déserteur de son régiment, contre lequel il y a une sentence de mort.

La pièce semble finie, mais l'ingénieux Pixerécourt ne se serait pas contenté de ce dénouement facile. Le comte réfléchit et, de ses réflexions, il ne peut sortir que des déterminations généreuses. Dans une scène qui ne manque pas, après tout, d'une espèce de no- blesse, et où il rassure Elisa, en lui affirmant qu'il n'a jamais douté d'elle, et que les épreuves qu'elle a subies n'ont fait qu'augmenter son amour et son estime, il lui fait part de sa décision. Fritz, su- bissant la peine qu'il a méritée, laisserait à son fils un nom déshonoré, <( une mémoire odieuse et flétrie ». Eh bien, il le soustraira à la sévérité du major, il lui remettra une somme lui permettant de passer dans un pays lointain.

Scrupules et délicatesses admirables ! car tant que ce misérable existera, le comte sera forcé, « par un austère devoir », de se séparer d'Elisa, et c'est donc un sacrifice héroïque que de l'arracher à une mort qui serait une délivrance pour tout le monde.

M. de Fersen fait venir Fritz et lui annonce ce qu'il a résolu. A la nuit tombante, il le conduira lui-même hors du château. Mais le coquin n'a vu dans cette générosité du comte qu'une faiblesse ridicule et qui ne lui enlève point le désir de se venger de sa défaite. Il s'est fait accompagner au château par un bandit de son espèce ; il lui propose d'assassiner le comte, moyennant le partage de la somme reçue. Les deux scélérats conviennent que, à huit heures du soir, au moment où Fritz doit sortir du parc, conduit par M. de Fersen, le camarade, posté en embuscade, assassi- nera le second qui passera : selon l'ordre et la marche, ce doit être le comte. Mais un vieux caporal, le co-