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72 LE MÉLODRAME

tre la volonté du père Werner, qui a maudit sa fille; et dans le théâtre de Pixerécourt, une malédiction n'est pas un vain mot ! Cependant, après bien des épreuves, les choses n'ont pas trop mal tourné pour Elisa. Aban- donnée par Fritz avec un enfant, elle a inspiré une vive passion à un galant homme, le comte de Fersen (singulier choix de nom) qui a fait d'elle sa femme. Elisa se croyait libre ; un ami, fort peu recomman- dable, de son premier mari, lui avait fait parvenir l'acte de décès de Fritz... Elle est heureuse et hono- rée, et elle a assuré l'existence de son père en lui fai- sant donner une vague fonction dans le domaine de M. de Fersen. Le père Werner, qui n'avait pas repris sa madéhction, est devenu aveugle, de sorte qu'il ignore que sa bienfaitrice, c'est sa fille.

Mais Fritz n'est pas mort ; il a pratiqué un savant chantage ; il arrive à l'improviste et il se fait recon- naître par Elisa : celle-ci demeure épouvantée. S'il ap- prend que Fritz est vivant, M. de Fersen, qu'elle aime et vénère, ne la soupçonnera-t-il pas d'avoir abusé de son amour et de sa confiance pour obtenir ses bien- faits ? Elle offre de l'argent au misérable, qui hausse les épaules. Une misérable somme quand il peut tout avoir, puisque le comte a assuré à Elisa la propriété de biens considérables...

— Mais, dit Efisa, l'extrait mortuaire que j'ai reçu ?

— Je soutiendrai que c'est vous qui avez fabriqué ces papiers pour contracter de nouveaux liens, je dé- voilerai vos trames perfides, ce mariage sera rompu.

Les supplications d'Elisa sont vaines, et Fritz, par un coup d'audace, va trouver M. de Fersen lui-même. Mais il est tombé sur un galant homme, qui com- prend qu'il a affaire à un misérable. Il devine que Fritz a machiné cette intrigue, et il l'accuse nettement.

Fritz. — Savez-vous. monsieur, qu'avant d'accuser un homme, il faut avoir des preuves. EDor:A.RD DE Fersen. — J^en ai une irrécusable.