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LE MÉLODRAME 71

logique, ])Ourvu qu'on ne fût pas trop difficile sur le point de départ. Le con^ique paraissant indispensable était là assez discret ; il consistait dans le rôle d'un conjuré, cherchant à se compromettre le moins pos- sible, assez bien dessiné... Peut-être Pîxerécourt se rappelait-il certaines figures entrevues dans les bu- reaux du Comité de Salut public, où il travaillait, pen- dant la période révolutionnaire.

Il est dans sa meilleure veine, il a vraiment trouvé sa voie. Après Y Homme à trois vissges, c'est la Femme à deux maris dont Geoffroy, critique souvent sévère à Pixerécourt, disait que (( si cette pièce était traduite en style tragique, elle serait beaucoup plus digne du Théâtre-Français que la plupart des nou- veautés qu'on y essaie. »

La Femme à deux maris eut, à l'Ambigu (1), quatre cent cinquante-et-une représentations et près d'un, minier en province ; avec cette pièce, c'était de nou- veau le s ucjcès- de larmes. Ce fut le premier mélo- drame traduit ; il le fut en russe, en italien et en an- glais ; les représentations anglaises eurent, à Drury- Lane, une vogue d'engouement. La consécration de la parodie ne manqua pas non plus, ni surtout celle de l'imitation et Scribe, dans la Lectrice, ne dédai- gnera pas de se souvenir de quelques-unes des situa- tions de l'ouvrage de Pixerécourt, qu'avaient déjà mé- tamorphosé en vaudeville Sewrin et Chazet.

Elisa Werner. fille d'un loyal militaire allemand, a été séduite par un certain Isidore Fritz, qui se ré- vèle tôt un affreux coquin, après qu'il l'a épousée con-

(1) Acteurs : Edouard, comte de Fersen : Tautln ; Elisa Wer- ner : MUe Levesque ; Isidore Fritz : Defrenne ; le major de Golz : Delaporte ; Jules (travesti) : Adèle Dupuis ; Werner : Joigny ; M. Brown : Lebel ; Bataille, caporal invalide : Corsse ; Walter, compagnon de Fritz : Martin ; Gertrude, servante : Mme Delaporte.

La scène est dans une des terres du comte, à deux lieues d'An- vers.