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70 LE MÉLODRAME

parlement de Rosemoude pour s'emparer de lui. C'est Orsano lui-même qui l'arrête au nom du Sénat.

11 l'arrôle, mais il ne soupçonne pas les diverses personnalités que Vivaldi a empruntées. Vivaldi s'é- vade, grâce à son ami Altieri, et il peut donc être de nouveau Abelino. Assurément, il faut un peu de bonne volonté pour admettre des déguisements aussi parfaits et que le même homme prenne aussi facilement ces avatars. Mais c'est l'essence même du mélodrame. Le faux Abelino se concerte donc avec Orsano sur les dernières mesures à prendre pour le succès de la con- juration qui éclatera au Sénat même, et c'est là qu'il aura sa revanche.

Il envahit le Sénat, en ellet, avec une bande de sol- dats qui lui sont entièrement dévoués ; il feindra de tenir à sa merci le Doge et les Sénateurs : devant eux, il nommera les conjurés, qui, croyant l'heure enfin venue, se partagent les dignités et les fonctions, acceptant Orsano pour le nouveau maître de Venise. Quand ils se sont ainsi manifestement trahis, Vivaldi les fait soudain arrêter, il jette son manteau, sa barbe postiche et apparaît dans son costume de patricien.

Le Doge. — Généreux Vivaldi, comnient l'Etat poiirra-t- il jamais sacquitter envers toi, après le service que tu lui as rendu, et te faire oublier son injustice ?

VivALD!. — Epoux de Rosemonde et votre ami, voilà les seuls titres qui me seront chers.

Le Doge. — Combien je fus coupable, et combien tu dois me haïr !

Vivaldi (avec une prolonde sensibililé). — Peut-on haïr encore loi-sciu'on est heureux ?

(Le Dogr lui tend les bras, Vivaldi s'y précipite, puis il retourne vers Rosemonde et Aliieri, qu'il presse tendrement sur son co:'ur.)

Pixerécourt avait donné là un modèle : Dieu sait combien de fois on allait revoir Venise, et, sous d'au- tres noms, tous ces personnages qu'il avait campés, non sans crànerie, et, cette fois, avec une sorte de