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LE MÉLODRAME 63

Huuibert tend de nouveau les bras à Cœlina, et tous deux s'en vont douloureusement vers Tinconnu. A ainernent Stéphany proteste, vainement brave-t-il même Ja malédiction de Dufour, en répondant : « La malédiction d'un père est repoussée par le ciel, quand elle est injuste ! » Et voici Dufour, repris par un in- traitable orgueil, sur le point de se sentir plus indul- gent pour Truguelin. Mais, par la révélation d'un vieux médecin, il apprendra soudain ce que sait de- puis longtemps le public, que Truguelin, l'infâme Tru- guelin, voulut tuer, jadis, ce pauvre muet qu'il a si rudement chassé. 11 se repent de sa colère contre lui ; il est trop tard, l'innocente Cœlina et Francisque Humbert sont loin déjà ; soutien de son misérable père, celle qui fut une héritière implore la charité pu- ])lique. Dufour n'a plus qu'une ressource : dénoncer le crime commis par Truguelin aux justes lois.

Pourquoi, dira-t-on, le docteur, connaissant l'auteur de l'attentat, ne l'a-t-il pas dénoncé plus tôt ? Il est des questions indiscrètes qu'il ne faut pas poser à Pixerécourt. Le troisième acte montre Cœlina et Hum- bert dans leur détresse. Il montre aussi Truguelin traqué par la niiiréchaussée, éprouvant enfin des re- mords, et c'est là un ÏÏêsTchantillons des monologues du mélodrame :

Le théâtre représente un lieu sauvage. Dans le iond est un pont de bois, qui vient passer derrière un moulin, placé à droite. On entend le bruit du tonnerre.

Truguelin, déguisé en paysan {il parcourt la moitié du théâtre). — Où fuir, où porterjiiflJlûntc ? Errant depuis le matin dans' ces'fflTintctgTTnT?, je cherche .en vain un asile, qui puisse dérober ma tête au supplice. |Je n'ai point trouvé dantre assez obscur, de caverne assez'T)rofonde pour en- sevelir mes crimes. Sous ces habits grossiers, rendu mécon- naissable à l'œil le plus pénétrant, je me trahis moi-même et baissant vers la terre mon front décoloré, je ne réponds qu'en tremblant aux questions qu'on m'adresse. Il me sem- ble que tout dans la nature se réunit pour m'accuser. Ces mots terribles retentissent sans cesse à mon oreille : Point