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60 LE MÉLODRAME

pas trompé en faisant le protagoniste de la pièce d'un personnage qui, par son infirmité physique, semble particulièrement désarmé contre les fatalités qui l'ac- cablent et qui en triomphe cependant, à force de vo- lonté. Il est entendu que le théâtre de Pixerécourt est mort, mais on n'a pas laissé parfois de ressusciter, quitte à leur donner un autre aspect, afin qu'on ne les reconnût pas trop vite, certaines figures de ce théâtre. L'Aïeule et Thérèse Raquin même doivent quelque chose à Pixerécourt.

Un notable habitant de Sallenche,.M. Dufour (un au- teur d'aujourd'hui aurait peut-être la superstition d'un tel nom : Victorien Sardou ne suppliait-il pas un de ses amis, qui s'appelait Victor Four, de ne pas assister à ses premières ?), M. Du.f.(^ur, donc, est le tuteur de sa nièce Cœlina, dont il ) a sagement administré la for tuile. Par délicatesse, il hésite à donner la main de Coeïî^a^ son fils, Stepïianj, quelle que soit la ten- dressèTîes deux jeainès gens, , et il accueille la demande de M. Tru^uelin, père d'un autre soupirant.

Mais M. Truguelin a paru consterné en apercevant dans la maison de M. Dufour un malheureux qu'il a recueilli, un muet, nommé Francisque Humbert. Humbert, de son côté, n'a pu s'empêcher de frissonner, ce qu'a remarqué Cœlina, qui s'intéresse particuliè- rement à lui, en lui témoignant les plus charitables égards.

— Que fait cet homme ici? demande Truguelin, en dissimulant son trouble. '^- "^

— Cet infortuné, répond en substance M. Dufour, fut jadis la victime de deux monslres, qui lui tendirent un guet-apens ; ils crurent l'avoir tué ; il respirait encore",' « mais ses bourreaux l'ont privé de l'organe de la parole. )>

ïjiuguelin feint d'accepter cette explication avec in- différence, mais à peine M. ^Diifour est-il parti qu'il