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54 LE MÉLODRAME

blance ; nous verrons plus tard avec quelle sérénité il considérait ces transformations de ses livres.

Le (( sublime » (sublime un peu enfantin, tout de même), il est là dans la cruelle alternative où se trouve le héros de la pièce (( d'outrager la voix de la nature » en tuant son véritable père, le chef des brigands Ro- ger, ou d'être un monstre d'ingratitude en ne défen- dant pas son père adoptif, le vertueux baron de I -^t- zerne qui l'a recueilli et élevé, qui consent même à lui donner sa fille Clémence, dont il est épris. C'est, évidemment, une histoire un peu extraordinaire.

Une femme, qui a cherché un refuge chez le baron, se trouve révéler ce secret de la naissance de Victor dans le moment même que le château est attaqué par les bandits. Victor, heureusement, pourra sauver le baron Fritzerne sans commettre un parricide. Mais, fils d'an homme qui est l'opprobre de la société, peut- il encore épouser Clémence ? Il va trouver Roger, dans son camp, ce Roger qu'il a tenu un moment à sa merci et qu'il n'a pas frappé, et il le supplie de renoncer à son farouche état et d'aller vivre dans une retraite profonde.

Et voici, dès lors, un échantillon de dialogue <( cor- nélien » de Pixerécourt. Roger répond qu'il n'est pas un brigand vulgaire, mais un vengeur.

Roger. — Tu les connaîtras bientôt, ces hommes que tu traites de brigands, et tu me diras alors si tu as vu, dans la Misnie, la Moldavie, dans toute l'Allemagne, des troupes mieux tenues et plus soumises.

Victor. — Eh ! n'est-ce point avec ces mêmes hommes, que, depuis vingt ans, tu portes le deuil et la désolation partout ?

Roger. — Tu te trompes, mon tils. Je n'ai tait que défen- dre le faible contre les vexations des riches insolents et op- presseurs.

Victor. — Qui t'en donnes le droit?

Roger. — Mon amour pour l'humanité.

Victor. — Et qui t'a dit qu'ils fussent coupables ?

Roger. — Leurs victimes.

Victor. — S'il était vrai, la loi les eût frappés.