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52 LE MÉLODRAME

La poétique de Pixerécourt est là, en germe, -mais il avait encore sacrifié au goût du jour et semé quel- ques couplets au cours de l'action. Le citoyen Mo- range en avait fait la musique. 11 y avait même le vaudeville final, dont le dernier mot appartenait aux enfants, venant de retrouver leur mère :

Au public : Pour doubler nos épanchements, Puissiez-vous, censeur moins austère, V'nir applaudir de temps en temps L'époux, les enfants et la mère.

Pixerécourt, en repassant sa" longue carrière avec la complaisance qu'il mettait à parler de soi-même, ne dédaignait pas cette première pièce. « Ce petit ou- vrage, disait-il, est rempli d'une sensibilité douce, expansive, et de la morale la plus pure. »

Entre temps, il s'assurait un emploi dans l'adminis- tration des Domaines, en homme prévoyant, pensant à ses vieux jours, préoccupation assez curieuse au moment où il se lançait dans la carrière vers laquelle l'appelait une impérieuse vocation. Avec sa prodigieuse activité, il sut toujours mener de front, d'ailleurs, les affaires administratives et son incessante production dramatique, et le fécond auteur dramatique devait un jour jouir d'une retraite, comme un bon fonctionnaire.

Mais cette année 1797 est décisive pour lui. Le 9 no- vembre, elle voit la première représentation à l'Am- bigu de Victor ou VEnfant de la Forêt, mélodrame qui était né drame lyrique et qui devait être donné à Fa- vart. La musique en était confiée à Solié, que Pixerécourt avait connu à Nancy, Solié, qui de musi- cien d'orchestre s'était fait chanteur, et de chanteur, compositeur. La distribution avait même été con- venue : Michu, Chenard, Dozainville et Mlle Saint- Aubin étaient désignés comme interprètes. Cepen- dant, les comédiens du théâtre Favart s'avisèrent d'un