Page:Ginisty - Le Mélodrame, Michaud.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée

.)t) LE MKLODRAME

d'aborder la scène, et il pouvait croire, en effet, que son heure était venue de recueillir le fruit de ses tra- vaux. N"avait-il pas fait recevoir seize pièces, au Théâtre Louvois, au Vaudeville, à Feydeau, à TAni- bigu-Comique, à la Cité-Variétés, à la Galté, au Théâ- tre Montansier ? Ces seize manuscrits qui attendaient la représentation, c'était son capital. Mais la malchance poursuit le jeune écrivain dramatique. Au Vaudeville, les directeurs Radet, Barré et Desfontaines, traitent le même sujet que le Mari complaisant, qu'ils ont pour- tant accepté ; le Moine, qu'il a apporté à la Gaîté, de- vient inutilisable, par suite d'autres adaptations de ce roman anglais. Sageret, qui a reçu, à Feydeau, Ar- iaxerxùs, tragédie lyrique, quitte le théâtre, et le théâ- tre change de genre. Pour chaque pièce, il se trouve ainsi un obstacle, et toutes les espérances de fortune s'évanuissent peu à peu...

("o fut pour Pixerécourt une période difficile. Il s'éfait marié (1) à vingt-deux ans. Il était sans place et sans argent. La réalité détruisait brutalement ses rêves. Que faire ? Ecoutons-le, dans une de ses pré- faces, évoquer ces heures pénibles, avec son emphase et sa suffisance coutumières :

C'est dans mes sentiments religieux si forts, que j'ai trouvé une résignation admirable... Les jeunes gens de l'époque actuelle se brûlent la cervelle ou s'asphyxient, avec du charbon, grâce à l'athéisme. Moi, j'ai prié Dieu et je n'ai pas désespéré de lavenir. Lequel vaut le mieux ?

Il dessinait mieux qu'un amateur (2), mais il fallait se contenter de ce que l'on trouvait. Il enlumina des éventails pour un marchand de la rue Saint-Martin,

(1) Il avait épousé le 30 septembre 1795 Marie-Jeanne-Françoise Quinette de la Hogue.

(2) Ce talent de dessinateur lui devait être très utile dans sa carrière d'auteur dramatique et de directeur, pour les indica- tions qu'il donnait, avec une minutieuse précision, aux décora- teurs et aux costumiers. Pixerécourt fit de sa mère un portrait en manière de camée, qui a de la grâce. Ce portrait fait partie de la collection formée sur Pixerécourt, par M. André Virely.