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LE MÉLODRAME 47

membres du Comité, que, à. la vérité (1), il avait un peu bravés en tentant de faire joua:* sa pièce : il allait être ai'rêté quand il fut prévenu. Il repartit pour Pa- ris, léger d'argent : le décret du 21 germinal, an II, qui en exilait les ci-devant, le jeta dans un cruel em- barras. Le décret cependant exceptait de ces me- sures certaines catégories de citoyens, dont les artis- tes. Artiste, il l'était, à la rigueur, pour avoir eu une pièce reçue dans un théâtre.

Il prit un parti hardi : il se présenta chez le repré- • sentant Barrère, et lui exposa son cas. 11 avait de la verve, de l'entrain, de l'aplomb, et Pixerécourt fut, en effet, une manière de gascon de l'Est. Il amusa Barrère, à qui il avait rappelé opportunément ses vers, et le membre du Comité de Salut public l'adressa à Carnot qui l'employa, à la section de la Guerre, à co- pier des rapports.

C'était le salut pendant la tourmente, et dans ses heures de loisirs, Pixerécourt composait des pièces. Ce n'était d'ailleurs que dans sa féconde imagination qu'il cherchait des sujets et noïi dans les tragédies réelles qui se déroulaient autour de lui. Pendant que le Tribunal révolutionnaire accomplissait son œuvre terrible, il écrivait, mais sans trouver, cette fois, des directeurs complaisants, des idylles, Jacques et Geor- gette (2) ; des comédies, le Mannequin vivanl ou le Mari de bois^ les Fausses Déclarations ou la Veuve ; des ballets, Zamor et Zulmé, ou des opéras-bouffes. Une fâcheuse rencontre faillit compromettre sa tranquillité. Deux des membres du Comité révolutionnaire de

(I) Le manuscrit est entre les mains de M. André Virely, I rrière-petit-flls de Pixerécourt, et bibliophile fervent.

,2) Rien d'étonnant, en vérité, comme la niaise sensiblerie de certaines pièces de l'époque révolutionnaire, qui semblent igno- rer les formidables événements qui s'accomplissent. A ce point de vue, une des plus typiques est la comédie, mêlée d'ariettes, de Demoustier, l'Amour filial ou la Jambe de bois. Je n'en citerai que le début. « Le théâtre représente, dans le lointain, les mon-