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38 LE MÉLODRAME

sèment les abondantes déclamations du bon Itanoko, qui, jeté parle sort au milieu de blancs indignes, offrait avec eux le contraste d'une âme simple et droite. Tout ce qu'on pouvait lui reprocher, c'était d'être un peu glorieux de ses avantages moraux, pour lui et pour SM race.

« On nous croit, disait-il, moins d'esprit qu'aux peuples d'Europe. Mais les qualités du cœur sont, chez nous, plus franches, plus sûres et plus étendues, parce qu'elles nais- sent avec nous, parce que les vices, qui nous sont inconnus, ne viennent point les con^ompre. Nous n'offrons point sans donner, nous donnons sans offrir, nous ne prostituons point les noms de fidélité, de délicatesse, de dévouement, mais nous gardons nos serments. Nos huttes sont toujours ou- vertes au pauvre ; les p'aisirs du luxe y sont Ignorés, mais l'ennui n'y pénètre jamais... »

Le théâtre suit le roman et chaque scène offre le spectacle de noirs vertueux. A l'Ambigu (9 septembre 1797), c'est Aàonis ou le Bon Nègre, de Béraud et Rosny. Cet Adonis est, en effet, un parangon de fidéhté. Pendant 'la révolte de Biassou, à. Saint-Domingue, il s'est juré de sauver son maître, M. d'Héronville, tombé entre les mains des révoltés. Tâche difficile, car l'heure de l'exécution de M. d'Héronville est déjà fixée. Adonis, à travers mille obstacles, trouve le moyen de quitter le camp de Biassou pour aller cher- cher du secours, mais alors que le temps est si pré- cieux, une foule de circonstances le retardent, et il est lui-même arrêté par les soldats combattant l'insurrec- tion, qui le prennent pour un des bandits. Heureu- sement, il n'y a pas que le bon nègre : il y a aussi la bonne négresse, Zerline, qui, pendant ce temps, en minaudant avec Biassou, a fait retarder le moment de la mort de M. d'Héronville. Adonis, s'étant justifié, conduit les dragons rouges dans la montagne, leur livre le camp des rebelles.

— Scélérat ! dit Biassou, alors qu'on le charge de chaînes, tu nous a trahis !