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LE MÉLODRAME 37

mort, et Stéphanos, qui est l'amant de la belle et douce Angolina, se refuse à la pgission de Régilde : double source, pour elle, d'aventures extrêmement fâcheuses, jusqu'au moment où le duc, lui apparaissant comme un fantôme, avec la mcdn de fer, qui a remplacé sa main coupée, <( lui fait sentir sa froide étreinte » et la pousse dans un précipice, en châtiment de ses crimes. (Acteurs : MM. Ferdinand, Duménil, Mar, Cancel, Soissons ; Mlles Bourgeois, Julie, Caroline.)

Il y a dans la brochure une indication curieuse. Le remords hante Régilde, et elle erre la nuit, une lampe à la main, sous les voûtes de son palais, en proie à un accès de somnambuhsme. « Cette scène, dit Cuvelier dans une note, est empruntée au Macbeth anglais. J'ai tenté de la rendre nouvelle par les accessoires. Dans tous les cas, je crois qu'une situation semblable convient mieux au boulevard qu'au premier théâtre de VEmpire. » Cette appréciation de Shakespeare, par CuveUer, et cette critique sévère, dans une profession de foi littéraire, ne laissent pas que d'ouvrir des ho- rizons singuhers sur la mentalité de l'auteur de la Main de fer.

Dans ce tableau affligeant des pauvretés offertes au public, et qui, hélas ! s'en contente, on ne saurait ou- bUer la pièce sensible entre toutes, la pièce négro- phile. C'est un article très demandé, depuis VEscla- vage des Nègres ou VHeureux Naufrage, d'Olympe de Gouges. La pièce a été naguère un peu égayée à la Comédie-Française, mais c'était en 1789, et le parterre était encore plein de gens d'esprit : ils ne s'en sont pas pris au sujet, d'ailleurs, mais à la composition de l'ouvrage. Depuis, le nègre est en faveur, et on s'est habitué à être moins difficile en ce qui concerne la forme des ouvrages dramatiques.

Sous le Directoire, le roman du citoyen N. J. Laval- lée, le Nègre comme il y a peu de blancs, avait fait verser bien des larmes, et on avait lu avec attendris-