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34 LE MÉLODRAME

Le mot de (( vertu )> termine traditionnellement cha- que œuvre de Loaisel-Tréogate. Roland de Monglav fut repris en 1803 à la Porte-Saint-Martin. L'Allemand Reichardt, ancien maître de chapelle de Frédéric II, de passage à Paris, voulant se rendre compte de ce qu'était le mélodrame, qui « faisait florès », l'alla voir. Il ne partagea pas l'enthousiasme de la foule. « J'ai vu là, écrit-il, une monstruosité dramatique, un drame- spectacle écrit dans une prose détestable, qui a des prétentions ridicules à la prose dite poétique. Ce drame étonnant est accompagné de musique : à son entrée en scène, comme à sa sortie, chaque personnage est gra- tifié d'un aubade. )> Cet étranger voyait alors plu.s juste que les Parisiens. Où était alors ce qui avait été la grâce suprême de Paris — le goût ?

Le théâtre populaire est vraiment misérable, en ces dernières années du xvin^ siècle, au moment où Pixe- récourt, dont nous pouvons sourire aujourd'hui, mais qui aura une action utile, entre en scène. Le théâtre « littéraire » a, du reste, lui aussi, quelque peine à se renie lire de la grande secousse révolutionnaire. La réunion générale des Comédiens-français, après leur scission, ne s'est pas encore opérée, permettant la re- prise des traditions de l'illustre Maison. "Népomucène Lemercier défend la tragédie, Picard, Alexandre Du- val, Bouilly, Andrieux luttent pour faire reprendre rang à la comédie... Mais les pièces <( sensibles » de Mlle Candeille ont leurs admirateurs.

Un genre étrange précède le mélodrame, la « pan- tomime dialoguée » : c'est une appellation modeste, indiquant que le spectacle joue là un rôle non moins important que le texte. La pantomime dramatique a aussi droit de cité à l'Ambigu, et elle se complaît, comme le mélodrame, dans les aventures de brigands.

Il suffira, je. pense, d'évoquer sommairement deux de ces élucubrations singulières. Prenons, par exemple,