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LE MÉLODRAME 31

crite douceur, que Camille a souhaité sa mort, et comme on vient de découvrir Colisan, il va se livrer à toutes les voluptés de la vengeance. Il confie l'exécu- tion de l'officier à un certain Morgan, qui paraît le plus farouche des brigands.

« Us l'entraînent! s'écrie Camille. De quelles horreurs suis- je environnée. Le crime triomphant, ses mains fumantes du sang de l'homme de hien, du sang de mon époux ! U Dieu ! par quelle action de ma vie ai-je mérité d'être plongée dans cet abîme d'infortunes ! Colisan, tu vas mourir sans moi ! {avec une force concentrée). Non, je cours partager son sup- plice !... {elle s'évanouit). »

Mais ce Morgan n'était qu'un faux bandit, ami de la justice et vengeur du crime. L'exécution de Colisan n'a été qu'un semblant d'exécution. Et quand le capitaine veut jouir des larmes de Camille en lui montrant le cadavre de son amant, celui-ci se relève prestement, saisit des pistolets et tue le chef des bandits. Camille et Colisan sont libres. « Comment vous remercier ! dit Camille, comment nous acquitter jamais d'un tel ser- vice ?» . •

Morgan. — Vous ne me devez rien ; j'ai fait mon devoir : j'ai vengé la société !

Colisan. — Cet exploit est digne de votre courage. Venez, chère Camille, et vous, mes dignes amis, sortons de cet hoiTible lieu et allons rendre grâces au ciel d'avoir puni le crime et sauvé l'innocence !

Telle était la manière de Loaisel-Tréogate, volon- tiers pompeux dans son style (1). Et il faut bien croire que le public le trouvait à son goût, puisque la Forêt IK'rilleuse connût les honneurs du succès. — ^^

L'inventif esprit de Loaisel-Tréogate découvrira, deux ans plus tard, d'autres moyens de frapper l'ima- gination du public. Dans Roland de Monglave (Ambigu,

(1) Et Loaisel-Tréogate avait la conviction qu'il travaillait « à. ramener l'homme de son siècle fi la vérité par le sentiment et la raison » l