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26 LE MÉLODRAME

T~ Adélaïde de Fervacques (la scène se passe au quin- zième siècle) était contrainte par son oncle, le riche et puissant baron de Montgrigny, à épouser un homme , pour qui elle n'avait qu'aversion. Elle aimait, au j contraire, le chevalier Raoul ; elle a fui le château de / Montgrigny, et elle est allée retrouver Raoul. Elle a / quelque peu guerroyé, elle-même, pendant qu'il batail- I lait çà et là. Deux ans sont passés qui n'ont fait qu'af- \ fermir la tendresse des deux époux. On peut goûter enfin quelques heures de paix, et Raoul conduit sa femme dans sa modeste demeure, car il est resté pauvre, s'il est chargé de gloire. Il s'arrête dans une auberge, où des paysans apprenant le passage de ce preux, viennent le trouver : il y a près de là un châ- teau hanté, où il se passe des choses terrifiantes. Les paysans le supplient d'en chasser les mauvais esprits, qui les effraient fort.

Malgré les prières de son écuyer Robert, Raoul n'hé- site pas : (( Quoi ! je refuserais le secours de mes armes à d'honnêtes villageois, qui me le demandent ! Donne- moi mes armes !... )> L'écuyer ou le valet du héros seront toujours poltrons : peut-être en ces temps de la Révolution et de l'Empire, la peur, qui semblait un sentiment invraisemblable, était-elle un élément infini- ment comique, et c'est pourquoi il y a presque tou- jours un poltron dans les mélodrames.

Raoul, suivi de Robert, pénètre dans le château. On ne l'avait point trompé : les plus terribles prodiges l'y attendent. Le fond de la salle où il est entré s'ouvre soudain et laisse voir un tombeau que gardent six che- valiers, bardés de fer. <( Leurs attitudes différentes, dit l'indication de mise en scène de la brochure, sont celles d'une douleur profonde, ils doivent paraître immobi- lisés comme ces figures de marbre ou d'airain qu'on aperçoit autour des mausolées. )) En même temps, il voit se dérouler un rouleau sur