LE MÉLODRAME 201
de Talma, ii avait été utilisé dans rintendance de' l'ar- mée d'Italie. Ses aventures révolutionnaires étaient à peu près oubliées quand il fit sa rentrée à la scène, tandis que sa femme s'en allait en Russie, d'où elle de- vait revenir, après l'incendie de Moscou, avec l'armée accomplissant sa tragique retraite.
Cest Mme Cousin -Picard, portant avec crànerie le travesti, ou, douée d'un visage intéressant, jouant des rôles analogues à ceux de Mlle Levesque à l'Ambigu ; c'est Mlle Quiérau, (( vraiment actrice par le jeu, par l'accent et par l'expression (1) », <( ne laissant rien à désirer pour la vérité (2) ». Elle avait commencé par être danseuse.
Dans ces théâtres, la danse joue un rôle important, qu'elle gardera presque jusqu'à l'avènement du drame romantique. C'est une danse qui s'unit à la pantomime, que la pantomime domine même. Point de mélodrame sans son ballet. Il est aussi indispensable que la mu- sique. Le ballet de Robinson Crusoë, réglé par Aumer, fait sensation. On y loue la lutte au sabre du (( bel athlète Mérante (3) ». Le danseur Robillon, et Mlle Deg- ville forment un couple dont on estime (( l'énergie d'expression )>.
A la Gaîté, c'est Ribié, véritable type dramatique, acteur et imprésario, auteur au besoin, tantôt misé- rable tantôt roulant carrosse, toujours gai et toujours ingénieux, qui préside, à cette époque, aux destinées du théâtre, alternant la féerie avec le mélodrame.
Là se rencontrent Lafargue, qui sera le favori des habitués du théâtre, traître à ses débuts dans VAnge tutélaire et la Citerne, puis faisant verser des torrents de larmes dans Vincent de Paule ou V Illustre galérien, de Henri Le Maire, ou se taillant ses grands rôles
(1) Ducray-Duminil, Petites Affiches.
(2) Le Publiciste, 7 janvier 1805.
(3) Journal de Paris.