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LE MÉLODRAME 199

une ligure délicieuse et un organe enchunleur », Mlle Levesque, qui représentera toutes les héroïnes persé- cutées, et que, en 1825, l'auteur du Dictionnaire théâ- Lrai, si peu indulgent pour la plupart des artistes, épargnera en disant : <( Voilà une de ces renommées que protège contre la critique le respect populaire dont elles sont environnées. Mlle Levesque supporte pa- tienmient la gloire que le mélodrame attache à son no'.i ; avec plus d'ambitions ou moins de modestie, elle eût pu briguer des succès plus élevés, mais elle a pensé à César. )> Sur ces artistes qui eurent une grande vogue et dont il ne reste rien, il faut bien nous conten- ter, pour les imaginer, de ces quelques notes. Même opinion, chez un autre censeur narquois, qui signe r <( Hermite du Luxembourg ». — « Beaucoup de di- gnité, un organe agréable, une prononciation sans dé- faut, une pantomime expressive, des gestes sans exagé- ration lui ont mérité l'approbation des connaisseurs, étonnés de trouver à l'Ambigu ce qu'on chercherait quelquefois en vain rue de RicheUeu. »

C'est Mlle Bourgeois, qui sera moins fidèle que d'autres artistes de cette époque à la même maison et qui passera de l'Ambigu à la Porte-Saint-Martin et de la Porte-Saint-Martin à la Gaité. Une caricature de 1810 la représente fort grande, par rapport à l'amoureux de la pièce, qu'elle tient par la main. Elle joue les forts premiers rôles, les femmes perfides (Tamira, du Juge- ment de Salonion, à ses débuts), des héroïnes (Alexina de Tékéti, Marguerite d'Anjou), les travestis qui exigent du mouvement (Flora, de XAnge tutélaire), puis, dans une longue carrière, elle prendra les rôles marqués, ceux qui demandent de la dignité. « Une de nos vira- gos les plus célèbres. Le talent d'escrime de Mlle Bour- geois est classique. Peu de femmes ont manié l'arme blanche avec autant de supériorité (1). » Elle survivra,

(1) Dictionnaire tMâlral, 1825. \