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198 LE MÉLODRAME

personnes sans distinction de sexe, avant de faire fré- mir un nombreux auditoire, avant de faire évanouir quarante personnes par son regard farouctie et son œil roulant sur lui-même dans son orbite » (1), a veillé au diner de sa table d'hôte de la rue de Bondy, car ce traître, effravant à la scène, est en même temps res- taurateur, « et il découpe une volaille avec autant de dextérité qu'il donne un coup de poignard » (2).

C'est Joigny, qui lui, n'est pas né dans le théâtre, a fait à sa passion de la scène le sacrifice d'une situation administrative, et qui, avec un zèle toujours prêt, jouera tout : les traîtres, les vieillards,, les héros, tous les rôles, du moins, qui n'exigent pas des qualités plastiques dont il est fort dépourvu. Il existe de lui un portrait, dans les Chevaliers du Lion, où il ne se pré- senté pas d'une façon bien avantageuse. Mais il avait une de ces intrépides convictions qui ont raison de tout.

Un peu plus tard, c'est Frénoy, doué « d'une large poitrine et d'une voix formidable, et tellement cons- titué qu'il peut articuler, sans prendre haleine, une pensée exprimée en quatre feuillets» (3). — ((Faites-moi soigner cet homme-là, dit Harel, mettez-le à une diète rigoureuse, pour qu'il soit moins terrible pour le spec- tateur qu'il assourdit! » (4) Ce colosse eut des ambitions dii-ectoriales: il devint l'imprésario du Petit-Lazari. Gomme Defresne avait tenu une table d'hôte, il était propriétaire d'un hôtel garni de la rue Chariot.

C'est Mlle Levesque dont on s'accorde à louer la sensibilité, dont le Journal dlndicaiions dit (( qu'elle a

(!) Grande biographie dramatique, par l'Hermite du Luxem- bourg. 1824.

(2) D'après M. Henry Lyonnet, qui connaît si bien cette époque, il faisait aussi le commerce des tableaux. Il est mort à cinquante-deux ans, en 1834.

(3) L'Hermite du Luxembourg,

(3) Douze cent trente-trois vérités.