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LE MÉLODRAME 197

directeurs en quelques mois. Le premier était cet Al- iaux, qui classait ses comédiens dans leurs emplois par rang de taille, et les faisait passer sous la toise en les engageant. Tautin joua là un mélodrame ayant pour titre Isniaïl et Maryam, péché de jeunesse du ba- ron Taylor. Puis, les jours difficiles arrivèrent. Ce Tautin, que le parterre avait tant applaudi, parut dé- modé à la foule ingrate. « Ce personnage sanguinaire dut s'éloigner de Paris et aller distribuer ses coups de poignard dans les départements (1). » C'est à Reims qu'on le retrouve, vieilli, regrettant le bon temps, puis il vient finir à Paris, à Sainte-Perrine.

C'est Boicheresse, acteur soigneux et utile, qui a joué le rôle du muet dans Cœlina, qui joue tour à tour, avec autant do conscience, les seigneurs d'importance et les seigneurs sans importance. C'est Dumont, père noble, ayant fait ses preuves au Théâtre des Associés, de pittoresque mémoire, à la Cité et dans les provinces. De son vrai nom Mussard, il ne s'était pas mis en frais d'imagination pour son pseudonyme. C'est Raf- file, qui tient l'emploi des niais, qui fait diversion, par ses naïvetés, aux émotions trop fortes du mélodrame, personnage toujours sympathique, Raffile, fidèle à son théâtre jusqu'à la fin de sa carrière. Harel, quoique sans bienveillance, constatera son action sur le public, en disant « qu'il s'est acquis autant de réputation à dire des sottises que les gens les plus spirituels à dire de jolies choses ». C'est Defresne, le Fritz de la Femme aux deux maris, qui passera à la Porte-Saint-Martin pour jouer les Deux Forçats, Defresne excellent dans lart de se grimer et de se rendre terrible et hideux, Defresne, soucieux du pittoresque avant Frederick Le- maître dans VAuberge des Adrets, plein de trouvail- les de détail, et qui, <( avant de poignarder quarante

(1) Grande biographie rfrawaiigwe, par rHermite'du Luxem- bourg, 1824.