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LE MÉLODRAME 189

chevalier... Si je voulais, je vous reconnaîtrais tout de suite. Childebrand. — C'est juste.

Dès que Sacripandos a le dos tourné, les autres lui lord des gestes menaçants. Il se retourne brus- ' quement. Le décor change et représente la tour où gémit Cunégonde.

L'infortunée Cunégonde ne cesse de se lamenter, trop de malheurs l'accablent. Le cruel Sacripandos n'a-t-il pas découvert l'enfant qu'elle eut de ses mysté- rieuses amours avec Roderic ? Ne l'a-t-il pas fait per- dre au plus profond d'une forêt ? Ne vient-il pas de commander au brigand Detroussando de retrouver cet enfant, et de l'égorger ?

L'observation narquoise est là assez fine : les sau- veurs de Cunégonde, Childebrand et Roderic, ne la sauvent pas du tout. Ces preux, toujours prêts à oc- cire tout le monde, manquent d'opportunité et ne font qu'ajouter aux misères de la captive. Il faut que le niais s'en mêle.

Me voilà, moi ! On ne pensait peut-être plus à moi. Ce- pendant, il faut bien que je serve à quelque chose. Il me vient une bonne idée... Oui, c'est ça... Je vais m'engagcr dans le régiment de douze hommes qui est au service de Sacripandos, et là, je serais peut-être plus utile qu'on ne croit... Je n'ai plus qu'une petite inquiétude : c'est de savoir si j'aurai la taille.... O Ciel, Ciel, qui connais mon intention, fais-moi grandir subitement seulement de cinq ou six pouces. (Il grandit subitement.) Je suis exhaussé. Merci, Providence ! {Musique.)

C'est Malinot qui, de garde, devant la tour où est enfermée Cunégonde, trouvera le moyen dé la délivrer. Il attire l'attention de la prisonnière, qui l'interroge :

Malinot. — Madame, il nous est défendu de parler en faction. Mais non pas de faire des signes. Je vous parlerai des mains, écoutez-moi des yeux.

Cunégonde. — Une drôle de conversation !

Il introduit dans la tour Childebrand et Roderic, Mais Cunégonde refuse de se laisser arracher à son