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188 LE MÉLODRAME

des malheurs du comte Childebrand ne s'éloigne guère, non plus, des histoires qui composent le fond des mé- lodrames. Le cruel tyran Sacripandos a dépossédé Childebrand de ses Etats, et il lui a ravi sa fille Cuné- gonde, amante du vaillant chevalier Roderic. Cuné- gonde, se refusant à son infâme passion, est enfermée dans un souterrain.

Roderic paraît, sous le costume d'un pèlerin, accom- pagné de son écuyer Malinot (le niais), et il a hâte de conter, lui aussi, ses aventures, depuis le jour fatal où il fut séparé de Cunégonde.

Depuis ce temps-là, j'ai erré je ne sais où, j'ai vécu je ne sais comment, et, sous ce costume, j'ai l'air de je ne sais qui. Mais je l'ai pris pour échapper aux recherches de mes ennemis, qui ne pensent peut-être pas à moi.

La conversation entre Roderic et Childebrand, qui se reconnaissent, est interrompue par le divertisse- ment obligé, dont Martainville raille assez gaîment l'irruption, généralement inopinée :

Un meux villageois. — Permettez,, vénérable hermite, que les habitants du canton, qui ont le bonheur de vous pos- séder, célèbrent, par leurs jeux et leurs danses, l'annivei'- saire du jour où ils ont eu un fainéant de plus à nourrir.

Selon la tradition, le ballet cesse brusquement, par le contraste de la terreur avec la joie. Musique sinis- tre. C'est le tyran Sacripandos lui-même qui paraît. Comme tous les tyrans, il est un peu bête, et il vient demander à l'ermite d'avoir raison, par son éloquence, des résistances de Cunégonde. Ainsi Childebrand et Roderic vont-ils être introduits dans le château, par leur ennemi lui-même.

Childebrand, à part. — Dissimulons, {Haut) Croyez, sei- gneur, qu'il me sera facile de lui inspirer les sentiments qu'il lui convient- d'avoir pour vous.

Sacripandos. — Bien, allons, suivez-moi... Mais, que diable, boutonnez donc votre robe... On voit votre habit de