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186 LE MÉLODRAME

de pastiches, ne manque pas d'un esprit facile, dar» la caricature de tous les procédés du mélodrame.

Dajis un court prologue, un bon spectateur, grand admirateur du genre, vient demander à l'auteur si la pièce est bien féconde en péripéties. C'est qu'il ne vou- drait pas être volé, au moins, et qu'il lui faut trois heures de spectacle bien remplies.

Ma famllie et moi, nous ne manquons pas un mélodrame, et ces pièces font sur nous une si vive impression que je m.e suis fait faire une robe d'hermite et un habit de che- valier ; ma femme n'ose plus descendre à la cave, de peur que je ne l'y enferme à jamais ; ma fille rêve toujours -qu'on va Teniever, et mes garçons de boutique exécutent des com- bats avec leurs demi-aunes...

L'auteur promet qu'on sera, cette fois, bien servi et qu'il a fait bonne mesure au public. Dans son mé- lodrame, il y a l'étoffe de douze.

M. L'Etoffé. — Douze !

L'auteur. -^ Pas moins.

M. L'Etoffé. — Tout de bon?

L'auteur. — Parole d'honneur !

M. L'Etoffé. — Quel plaisir je me promets ! Je vorrni douiie mélodrames à la fois. C'est pour en mourir.

L'auteur. — Vous aimez les hermites ?

M. L'Etoffé. — Beaucoup,

Lauteur. — Eh bien, j'en ai un... Aimez-vous les tyrans ?

M. L'Etoffé. — J'en suis fou.

L'auteur. — Vous en verrez un. Et les voleurs, et les cavernes ?

M. L'Etoffé. — C'est ma passion.

L'auteur. — Vous en aurez. Et les enlèvements, les com- bats, tes incendies ?

M, L'Etoffé, transporté. — A la rage, à la rage !

L'auteur. — Eh bien, il y a de tout cela dans ma pièce...

Et elle commence, par le monologue obligé, et par une scène demeurée assez drôle, tant que les années aient passé sur elle. C'est que la critique ne laisse pas d'être juste : les personnages de mélodrames ont tou- jours de terribles secrets, qu'ils dévoilent au premier venu. Un paysan, le petit Colas, apporte au comte