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184 LE MÉLODRAME

des homicides, des femmes coupables, des filles sé- duites ». C'était exiger sa fin. Hnenin allait jusqu'à reprocher au mélodrame les larmes « inutiles » qu'il faisait verser.

Le Pouvoir, cependant, de quelques mesures dracon- niennes qu'il eût usé à l'égard des théâtres, ne sem- blait point convaincu que le mélodrame eût une action nuisible sur l'esprit public. Il avait été défendu par le ministre de la Police, estimant, en termes solen- nels, semblant empruntés au répertoire des maîtres du genre, « qu'il alimentait l'effervescence du peuple, et fascinait les yeux de la multitude ». Il faut croire qu'il était tout à fait impossible de parler simplement, non seulement dans le mélodrame, mais à propos du mélodrame.

Une des preuves de sa vitalité, c'était la parodie qui exerçait sur lui sa fantaisie, et la parodie est une manière de consécration. Les mélodrames les plus fameux furent très parodiés. Le genre lui-même fut l'objet de mille plaisanteries, mais elles ne faisaient que constater sa popularité, tels les Frères féroces ou les Dangereux effets de haines de famille infiniment trop prolongées, que Jouslin de Lasalle fit représenter à la Porte-Saint-Martin, et où Potier fut, assure-t-on, impayable, ajoutant beaucoup au texte, selon son habitude. Mais l'auteur ne s'en plaignait pas : <( On ne peut dire plus de bêtises avec plus d'esprit », écrivait- il, en disant sa gratitude à son interprète.

Mais la parodie la plus complète, c'est une folie de Martainville, « en quatre actes sans entr'actes ». Ce qui atteste que ces gamineries ne portaient point tort au mélodrame, c'est qu'elles étaient jouées sur les théâtres mêmes où il régnait, les Frères féroces à la Porte-Saint-Martin, la pièce bouffonne de Martainville à la Gaîté. Et celle-là avait pour acteurs les ac-