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183 LE MÉLODRAME

teur du Plan d'une organisation des Théâtres^ que tel ouvrage pur, élégant, correct, et dont cette pureté, cette élégance, cette correction eussent assuré le suc- cès, tomberait, aujourd'hui, avec ces mêmes qualités, et cela par l'innovation d'im genre qui détruit le goût et tue la raison. »

Ces adversaires du mélodrame laissaient, parfois, percer le fond de leurs ressentiments, et ne lui pardon- naient pas ses recettes, ses im.posantes recettes, dont il se parait avec impertinence, en les faisant sonner.

En 1813, comme en un effort désespéré, ils conju- raient leurs efforts dans une publication intitulée Essai sur VEtat actuel des théâtres de Paris, et ils accumulaient là leurs griefs, non sans perfidie, espé- rant que quelques-uns de ces arguments frapperaient l'oreille du Pouvoir. C'est pourquoi ils insistaient sur la déplorable mentalité créée selon eux par le mélo- drame. C'était là le côté insidieux de l'attaque. Etait-il tolérable qu'on laissât le peuple s'habituer à l'idée qu'il y avait tant de « tyrans », et punis, encore, au dénoue- ment, parmi les princes et les grands de la terre ? Ne tuait-on pas chez lui la conception du respect ? Ils lan- çaient enfin le mot : n'était-il pas « impolitique » de souffrir qu'on présentât des personnages d'un rang élevé comme des persécuteurs ? N'était-il pas funeste que la foule s'accoutumât à attendre leur châtiment ? Le principe de l'autorité n'était-il pas atteint par des fictions dangereuses mettant en opposition, selon la poétique du genre, un maître avec ceux qui lui de- vaient être soumis ? Le mélodrame ne devenait-il pas l'école de la désobéissance ?

Tous les mots étaient pesés là pour éveiller les sus- ceptibilités d'une ombrageuse censure.

Puis quels périls pour la morale publique dans ces incessants tableaux de meurtres et de crimes ! Com- ment admettre qu'un Pixerécourt pût Atre, selon