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Les ennemis du mélodrame. — L' « Anarchie théâtrale ». — Le Mélodrame défendu par le ministre de la Police. — Les parodies. — Les <( Frères féroces » . — Une plaisanterie de Mâr- tainville.

LE mélodrame ne conquit pas sa popularité sans se faire bien des ennemis. En certaines occa- sions, les scènes littéraires s'inquiétaient, les au- teurs de tragédies et de comédies s'alarmaient devant ces centaines de représentations qu'obtenaient les piè- ces dij boulevard, ils protestaient au nom du goût et de l'art contre ces longs succès, qu'ils n'avaient jamais connus. Ils ne se doutaient point, dans leur superbe, que la postérité mettrait leurs ouvrages à peu près au même rang, à peu d'exceptions près, que ces pièces, poursuivies de leurs imprécations.

Ils menaient contre le mélodrame une guerre ar- dente, bien qu'impuissante. Ils l'attaquaient de toutes les manières, de front, ou sournoisement, en lançant contre lui la grosse artillerie de leurs colères ou en lui décochant des traits narquois, en plaisantant ses moyens d'action ou son style — dont le leur ne diffé- rait pas toujours très sensiblement. Ils l'accusaient, ce mélodrame contre lequel ils liguaient leurs efforts, de la chute de leurs productions dramatiques ou de leur peu de durée sur l'affiche. Comment, disaient-ils, faire apprécier des idées raisonnables, au milieu de ce dé- chaînement de folie ? « Je suis convaincu, écrivait Tau-