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17« LE MÉLODRAME

cente victime qu'il poursuivait de sa passion éclievc- lée, l'ayant, avant Antony, assassinée parce qu'elle lui résistait); — Merville et Mallian, qui donnent un effa- rant Juif errant où on retrouve Ahasvérus, condamné à l'éternité, à des époques diverses et devenu notam- ment Cagliostro. Le dernier tableau représente le Ju- gement dernier, et le pardon du Juif errant, racheté par les vertus de sa fille. Ce Jugement dernier montre les élus, arrivant les uns après les autres.

{La musique est devenue plus grave et plus solennelle ; sur cette musique, on voit paraître plusieurs ombres qui s'avancent lentement vers les portes du ciel ; arrivées au pied de Vescalier, les deux premières ombres s'arrêtent.)

La Prièrk. — Marc-Aurèle et Franklin. , L'Archange. — La Justice et la Liberté. .

La Prière. — Entrez !

[Parait Napoléon, qui se découvre vivement.)

L'Archange. — Ah ! la gloire !

La Prière. — Entre... entre ! (1)

Et Benjamin Antier, l'auteur, avec Saint-Amand et Paulyanthe, de cette Auberge des Adrets, dont Frede- rick Lemaître devait faire une manière d'épopée, et qui, dans la version primitive, était le plus traditionnel des mélodrames. La fantaisie de Frederick le recréa, mais ce fiit à la stupéfaction des auteurs, qui avaient tenu à un dénouement essentiellement moral (2). Il suffit de se reporter au texte original; c'est la manière larmoyante habituelle. Marie, une pauvre femme qui a

(1) Ambigu-Comique, 31 juillet 1834. Acteurs (c'est une autre génération de cohiédiens) : Saint-Ernest, Francisque, Constant, Guyon, Montigny, Albert, Francisque jeune, Fossé, Mmes Théo- dorine. Petit, Desprez, Clorinde, etc.

(2) M. H. Lecomte raconte cette anecdote dans son étude très nourrie sur Frédérick-Lemaître. Benjamin Antier s'était donné une entorse, le jour de la première, et n'avait pu assister à la représentation. Il avait envoyé sa bonne au théâtre pour con- naître l'impression du public. « — Ah ! monsieur, dit la ser- vante, revenant au logis, épanouie, quelle excellente pièce ! Je n'ai jamais tant ri de ma vie ! — Quoi, s'écria Benjamin An- tier, indigné, vous vous moquez de mon mélodrame : »