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17G LE MÉLODRAME

sérieusement au régisseur qui jouerait le rôle du Fa- nal.

— C'est vous, dit le régisseur, s'amusant a la mys- tifier.

— Je m'y oppose, fit Hapdé, de son air pince-sans- rire, je ne veux pas faire croire au public que des vessies sont des lanternes.

La duègne ne comprit pas, d'ailleurs, et se répandit seulement dans les coulisses en se plaignant de M. Hapdé, qui venait de lui enlever un beau rôle.

Hapdé, qui avait encensé Napoléon, ne fut pas long, après sa chute, à se tourner contre lui. J'ai lu de lui im livre véhément, les Sépulcres de la Grande y\r- mée (1814, librairie Eymery, rue Mazarine), écrit d'ail- leurs dans le style le plus étonnant qui soit :

La mort suivait partout ces malheureux : non seulement elle tranchait leurs jours avec une infatigable ardeur, mais après le départ de ceux qu'elle épargnait, sa faux en mou- vement moissonnait encore. Il semble qu'elle prenait un affreux plaisir à faire naître les cyprès sur leurs traces...

C'était le ton courant; il explique la littérature des mélodrames (1).

Autres seigneurs de moindre importance : Maurice Alboy, collaborateur de Daubigny et de bien d'autres. Une situation, absurde, si l'on veut, mais une situa- tion, dans Vltalienne ou le Bigame. Cette Italienne, en affirmant au colonel de Moldan que sa femme était morte, s'est fait épouser par lui. Le colonel apprend qu'il a été trompé, que sa femme vit encore. Il va être poursuivi comme bigame. La femme légitime, en un héroïsme d'Ambigu, déchire, pour sauver son mari, son acte de mariage.

(1) C'est à peu près dans le même style qu'il fut l'historien officiel de l'assassinat du duc de Berry, dans sa Relation histo- rique, heure par heure, des événements funèbres de la nuit du 13 février 1820.