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LE MÉLODRAME 175

tolets de son père. Mais Faldoni expire avant que Thé- roïque Gélestine ait pu se tuer avec lui. Le fond de cette sombre pièce était emprunté à une anecdote évo- quée par Voltaire. Elle fut jouée en 1812 par Clozel, Chazel, Armand, Mlle Délia.

Hapdé, petit homme taciturne, avec, dit-on, de brus- ques saillies d'un esprit un peu dur, avait toutes les audaces. Aux Jeux-Gymniques (nom qu'avait dû pren- dre la Porte-Saint-Martin après le décret de 1807), n'avait-il pas eu celle de mettre Napoléon en scène, de son vivant et à l'apogée de sa gloire, en 1808 ! C'était dans le Passage du Mont Saint-Bernard. Rien n'était alors plus nouveau et plus hardi que de représenter sur le théâtre, avec son costume, ses gestes, son aspect fidèlement imité par un acteur nomm.é Chevalier, l'homme qui était alors le maître du monde. Comment Hapdé avait-il convaincu les cen- seurs dramatiques, pour qu'ils le laissassent traduire sur les planches une telle personnalité ? Cette tenta- tive fut accueiUie avec un tel succès que, à ce que l'on raconte, l'empereur eut la curiosité d'aller voir son sosie. Il vint incognito, avec Duroc, qui loua une logo, grillée. Mais, dans cette loge, des ouvriers peintres qui rafraîchissaient la salle avaient oubhé leurs pots et leurs pinceaux ; Napoléon buta contre eux, et se couvrit de peinture. Il aurait dû rire de l'incident, puis- qu'il se dissimulait, mais la colère le prit, une colère disproportionnée avec sa cause ; il partit, furieux, et, le lendemain, fit interdire la pantomime, du moins pour quelque temps.

Le vo-udevilîiste A. de Rochefort a dessine un assez amusant croquis de Hapdé, dans ses brusqueries cou- tumières. Venant de lire aux artistes un de ses mé- lodrames, le Fanal de Messine, une vieille duègne, ancienne danseuse réformée, lamentablement flétrie et dont l'éducation avait été un peu négligée, demanda