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174 LE MÉLODRAME

distinguer dans la bataille qui doit avoir lieu à Pul- tawa. Pendant ces vingt-quatre heures, il va avoir fort à faire, cax. il sera, occupé à sauver Charles XII, trahi par le sort des armes, et à protéger Floreska contre les pièges de Drosenski.

Il y a une scène ua peu extraordinaire, mais que Frédéric et ses collaborateurs devaient estimer « cor- nélienne », eux aussi. Charles XII et Pierre le Grand luttent de chevalerie. Charles XII, qui monte inco- gnito la faction d'une sentinelle blessée — tel le Petit Caporal de l'estampe populaire — apprend que des as- sassins vont tuer le czar. C'est son ennemi, mais, dit- il noblement :

I^ guerre est la vengeance des rois ; le meurtre est celle des lâches et des brigands...

Il refuse de s'associer à cet assassinat. Les conjurés, pour le punir, vont le frapper. Un homme, habillé en meunier, vient à son secours, et qui est'-ce ? Pierre le Grand lui-même. Les deux souverains se reconnais- sent et rivalisent de magnanimité. Frédéric avait, évi- demment, une grande idée de la courtoisie des mo- narques entre eux.

Augustin Hapdé, qui avait été militaire, garda le goût des spectacles militaires, et il devait être un des fournisseurs attitrés du Cirque-Olympique avec Cuve- lier, mais ne laissa pas de pratiquer aussi le mélo- drame. Il l'introduisit même où il ne semblait pas avoir droit de cité, au théâtre Louvois, avec Célestine et Faldoni ou les Amants de Lyon. Par là fut-il un con- quérant, car sa littérature pour les théâtres dits de premier ordre, ne différait pas sensiblement de celle qu'il offait aux théâtres secondaires. Faldoni, amant de Célestine, est condamné par la science, et sa fin est prochaine. Célestine ne veut pas lui survivre et vient le rejoindre pour mourir avec lui, apportant les pis-