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170 LE MÉLODRAME

disant qu'elle fut, à Tâge de trois ans, séparée de sa famille par une troupe d'Indiens qui ravageaient le pays. Abandonnée, pouvait-elle demeurer insensible aux bienfaits d'Alphonse ? Le farouche Telusco, chef des Mexicains, va donner le signal au sacrificateur quand ses yeux se portent sur la pierre d'un collier qu'elle porte.

Telusco. — Mexicains, arrêtez !

Altimozin, lils de Telusco. — Mon père, quel trouble s'em- pare de vos sens ?

Telusco a Thélaïre. — Parlez. Qui vous a confié cette chaîne ?

Thélaïre. — Elle est à moi.

Telusco, ému. — Quoi, vous l'avez toujours portée?

Thélaïre. — Toujours... depuis mon enfance. Vous pleu- rez?

Tklusco. — A peine je respire. Mendoza n'est point votre nom ?

Thélaïre. — Je l'ignore.

Telusco. — Vos parents.,.

Thélaïre. — Me sont inconnus.

Telusco. — Ciel !

Thélaïre. — Arrachée de leurs bras, à l'âge de trois ans.

Telusco, avec force. — C'est elle !

Altimozin. — Que dites-vous ?

Telusco. — Ma fille !

Thélaïre. — Mon père !

Telusco, vivement. — moment délicieux ! oui, c'est elle, c'est Thélaïre, ma fille bien-aimée... Ce signe précieux m'en donne l'assurance, et j'en crois plus encore le sentiment secret qui parlait en sa faveur.

Thélaïre. — Mon, père !

Altimozin. — Ma sœur !

Telusco, avec tendresse. — Ma fille, viens sur mon sein. Et c'était loi que j'allais immoler !

Thélaïre est bien aise de retrouver une famille. Mais don Alphonse? Et Melesville est cornélien à souhait, à la façon de Pixerécourt. Thélaïre, entre son devoir filial et son amour, éprouve de cruelles luttes. Mais Alphonse a naguère épargné Altimozi^i, dans un com- bat : ce sera cette heureuse particularité qui permettra le rapprochement de ces irréconciliables ennemis. Et