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1(')8 LE MÉLODRAME

sez-vous, tout s'arrangera au mieux pur l'arrivée op- portune (l'un certain M. Derville. Oui, François a été au bagne, mais innocent, et c'est un héros, car, par dévouement pour son frère, coupable d'un faux, il avait accepté à sa place le châtiment. M. Derville a dans sa poche le jugement qui réhabilite François. L'inconnu, enfin arrêté, a cru perdre François en livrant son nom : il le sauve, au contraire.

Thérèse. — O Dieu ! mon cœur ne m'avait donc pas trompée !... Ainsi rien ne put arrêter ton courage, ni lai)- pareil d'un tribunal, ni la honte d'un supplice public.

François. — Je supportai tout avec une force qui prenait sa source dans une satisfaction intérieure ; va, le supplice n'est cruel que pour qui le mérite !

Boirie et Carmouche ne détestaient pas, eux aussi, l6 sublime à peu de frais. Carmouche était cependant d'humeur plus gaie : après avoir sacrifié au genre lar- moyant et joôme fantastique, comme avec le Vampire, il fut plus à l'aise dans le vaudeville et dans la fantai- sie : il lui arriva même, lui qui en avait fait, de paro- dier les mélodrames. Sa femme, Jenny Vertpré, comé- dienne charmante, avait passé, elle aussi, un drame à la comédie.

Il en fut de même pour Melesville. Le futur collabo- rateur de Scribe et de Bavard avait commencé par le mélodrame, et, c'en est un, qui ne l'est pas à moitié, que celai qui a pour titre les Mexicains (Ambigu, 1819; acteurs : MM. Fresnoy, Villeneuve, Gobert, Stockleit fils, Klein, Mmes Leroy et Eléonore). Thélaïre, jeune Mexicaine, sous le nom de Mendoza, a été recueillie par le noble Alphonse d'Alvila, lieutenant de Cortez ; elle s'est convertie à sa foi, et elle lui a inspiré une si vive passion qu'il va l'épouser. Mais les Mexicains, qui semblaient soumis, se révoltent, env-ahissent le palais de Don Alphonse, enlèvent Thélaïre, et vont la sacrifier. N'est-elle pas coupable d'avoir embrassé le parti des Espagnols ? Vainement, elle se défend en