166 LE MÉLODRAME
Mme Fritz. — Eh bien, mon bon seigneur, jugez si le sort de la pauvre Maria n'est pas bien cruel, depuis dix-huit mois que nous avons fui les terres du comte de Waldeck... C'est là qu'elle est cachée... dans cet arbre {musique).
RiMBURG. — Dans cet arbre ? {à part). Enfin, je l'ai trouvée (haut). Mais comment pouvoir exister dans une retraite aussi étroite ?
Mme Fritz. — Croyez-vous donc que Fritz n'ait pas eu soin d'adoucir, autant qu'il .le pouvait, la triste situation de notre pauvre Maria ?...
RiMBURG. — Et par quel moyen ?
Mme Fritz. — En creusant un souterrain qui, de l'arbre conduit à notre chaumière et qui peut, en cas de surprise, lui fournir un moyen d'évasion.
RiMBURG. — Ce que vous dites là est incroyable !
Mme Fritz. —Je n'ai jamais trompé personne... {Elle donne le signal à Maria ; satisfaction de Rimburg, Maria paraît dans l'arbre et demande d'un geste pourquoi on Va appelée.)
Maria. — O ciel ! un étranger !
Mme Fritz. — Ne crains rien. C'est un protecteur que !g ciel t'envoie... Viens, viens tomber à ses genoux !
L'imprudence de Mme Fritz livre ainsi Maria, qu'en- lève Rimburg, se démasquant. Maria est transportée au château de Waldeck ; elle serait perdue, si parmi les écuyers du comte, elle ne retrouvait, feignant de le servir, Lindorf, l'homme qu'elle aime. Lindorf s'em- ploie à la sauver, mais il est dénoncé par Rimburg et le comte, par un raffinement de barbarie, se venge de Lindorf par Maria elle-même. Il feint de la prier d'of- frir h son écuyer la récompense de ses bons service^s; cette récompense est placée sur un coussin, couvert d'un voile. On enlève le voile : ce sont des chaînes !
Le Comte. — Rimburg, menez Maria dans l'appartement qui lui est destiné, et qu'on la garde à vue ! Soldats, que Lindorf soit conduit à la chambre souterraine. Vous me répondez de lui sur vos têtes ! {Rideau.)
Il est peut-être superflu de conter comment, au der- nier acte, Lindorf reprend nécessairement avantage sur son odieux rival.