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158 LE MÉLODRAME

scène se passe d'ailleurs sous Louis XV. Marcel, grâce à ce titre mystérieux, découvre la retraite d'un M. d'Ar- mans, qui s'est soustrait par la fuite à l'écliafaud. M. d'Armans est perdu ; un' tribunal improvisé vient de le condamner pour la seconde fois. La liache fatale est déjà prête, lorsque, surmontant son dégoût, Julie, sa fille, va implorer la pitié de Marcel, qui nourrit de- puis longtemps pour elle une violente passion. Cette grâce, Marcel la lui accorde si elle vient (( à sept heures », la chercher chez lui. Julie arrive, en effet, Marcel signe et veut sa récompense. « — La grâce de ton père, viens la prendre sur mon cœur. » JuHe feint de le suivre, éteint les lumières, et dans l'obscurité, mal commode cependant pour bien viser, le frappe d'un coup de couteau. Peut-être est-il permis de ne pas trop regretter, avec les hbertés que se fût permises Du- cange vis-â-vis de l'histoire, la Charlotte Corday pri- mitive (1).

La révolution de 1830 permit à Ducange de prendre sa revanche des persécutions qu'il avait subies, et dès le 4- septembre, il donnait à la Gaîté le Jésuite, où un certain Judacin machinait les plus perfides intrigues. Pixerécourt avait commencé avec lui ce drame, tiré du roman de Ducange, les Trois Fils de la Veuve. La couleur en fut singulièrement accentuée, en raison des événements. Pixerécourt, qui n'avait pas eu à se plaindre de la Restauration, fut poussé par le courant d'idées, qui faisaient en quelque sorte explosion, à accepter ces modifications dans le sens hbéral (2). A

(1) La première Charlotte Corday fut jouée à la Comédie- Française, le 23 avril 1831. Elle avait pour auteur Régnier-Des- tourbet. Le rôle de Marat était joué par Beauvalet et celui de Charlotte par Mlle Brocard.

(2) Il y eut alors abondance de pièces sur les jésuites : la Contre-lettre ou le Jésuite, de Duport et Monnais, le Jésuite retourné, d'Emmanuel Arago, le Congréganiste, d'Anicet-Bour- geois et Villeneuve, le Curé Mingrat, de Ferdinand Laloue et Villemot. etc.