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"150 LE MÉLODRAME

(Cela fait, entre parenthèses, beaucoup d'éternités.)

Ambroise, fuyant. — laissez-moi... laissez-moi ! Madame Calas, le poursuivant. — Malédiction... Malédic- tion ! Tous. — Oui, malédiction sur toi !...

{Ambroise luit dans la dernière épouvante.)

Celait la quatrième pièce sur Calas, mais les autres s'étaient produites pendant la période révolution- naire (1), où Ton pouvait flétrir le « fanatisme ». Vic- tor Ducange, sous la Restauration, avait été tenu à plus de prudence ; aussi disait-il, dans une note de sa brochure (2), « qu'il n'avait voulu troubler aucune cen- dre ». De là, la flétrissure d'un personnage imaginaire. A cette époque (1819), il existait encore une petite- fille de Calas.

Ce fut un succès de larmes, et qui dura longtemps. Un autre succès de larmes, ce fut Thérèse ou V Orphe- line de Genève, où la forte imagination de Ducange, que rien n'arrêtait, avait trouvé des effets saisissants pour l'époque. Thérèse est le type morne de la victime de mélodrame. Un traître qui ne l'est pas à moitié, lïnfâme Walter, s'acharne contre elle ; il s'y est si bien pris que cette innocente créature, fille non re- connue d'une grande dame, a été accusée d'avoir fa- briqué le testament qui l'instituait son héritière et con- damnée pour le crime de faux. Elle s'est échappée, elle a pris un autre nom que le sien et elle a été recueillie par une bienveillante châtelaine, Mme de Sénanges; le fils de sa protectrice s'éprend d'elle, et veut l'épou- ser. Thérèse se refuse à ce bonheur, bien qu'elle aime le sensible Charles, pour ne pas l'abuser. C'est à ce

(1) Le Calas de Laya (1790), le Calas ou le Fanatisme (1790) de Lemierre d'Argy ; le Calas ou l'Ecole des Juges de M.-J. Ché- nier (1791).

(2) Chez J.-N. Barba, éditeur des œuvres de Pigault-Lebrun. Magasin général des pièces de théâtre, Palais-Royal, derrière le Théâtre Français, n" 51. La pièce n'est signée que « Victor ».