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148 I.E MÉLODRAME

joarnaliste qui avait eu des journaux tués sous lui, se consacra désornnais presque entièrement aux scènes populaires.

Il

Calas est écrit en une langue invraisemblable et d'une solennité qui produit aujourd'hui un effet tout opposé au pathétique de la situation. Mais, encore une fois, on ne saurait parler d'une vieille pièce sans se reporter au temps où elle fut écrite, sans revoir, par la pensée, le milieu, le public, ses habitudes. Ce public se fût offensé de la simplicité et eût trouvé que l'auteur ne s'était pas mis en frais pour lai. Les artifices pour accentuer l'émotion risquent aussi de nous paraître naïfs et de diminuer -l'horreur de cette histoire véri- table, mais Jes connaisseurs de l'époque devaient trou- ver que c'était fameusement charpenté (1).

Les passions religieuses, les haines, les colères d'une ville divisée en factions n'avaieni pas suffi à Victor Ducange pour expliquer l'abominable accusation por- tée contre Jean Calas du meurtre de son fils ; le mélo- drame rapetissait, en croyant embellir. Mais il fallait, selon les lois, le personnage du traître. Et si, après le suicide du jeune Calas, la justice des capitouls s'achar- ne contre le malheureux père, c'est qu'il a naguère, par un acte de probité commerciale, ruiné un certain Ambroise « homme faux, méchant et vindicatif », dit le tableau des personnages.

Inflexible vieillard, monologue Ambroise, tu es loin de soupçonner qu'en dénonçant ce marchand étranger aux syndics, et en le faisant chasser de Toulouse à cause de ses intelligences avec les pirates d'Alger, c'est sur moi que re- tombait l'effet de cet arrêt ; que cet homme n'était que mon agent secret et que tu m'as fermé le chemin de la fortune

(1) Acteurs : Villeneuve, Gobert, Christman, Stocklelt fils, Ga- briel, Klein, Mmes Levesque, Emilie, Fanny.