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LE MÉLODRAME 147

Bruxelles. Ce fut là qu'il apprit qu'on ne lui avait octroyé que deux mois de prison.

L'avènement de Charles X pouvail faire croire, un moment, à plus de tolérance. Une ordonnance, bientôt sans effet, supprimait la censure des journaux. Le fameux mot : (( Point de hallebardes », donnait des illusions dont il allait falloir revenir après peu de temps. On disait en parlant des abus subsistants : <( Si le roi le savait ! » Victor Ducange revint à Paris. Ce fut pour y voir d'ailleurs des pièces interdites, même après avoir reçu le visa officiel, ce qui attestait qu'il n'y avait guère rien de changé, et on ne devait pas être long à constater qu'on avait singulièrement exa- géré quand on disait lyriquement du nouveau monar- que :

C'est un roi qui sait allier A la franchise d'Henri quatre La grâce de François premier !

Non, certes, il n'y avait rien d'Henri IV, ni de Fran- çois P"" en ce souverain qui avait été l'éiégant comte d'Artois et qu'on allait surnommer le (( Pieu Monar- que ».

Ducange rentrait de son exil fort pauvre, fatigué, mal portant. 11 écrivit quelques romans encore : Léo- nide ou la Vieille de Suresnes, le Médecin confesseur, V Artiste et le Soldat, mais il revint surtout au théâtre. Il l'avait abordé dès 1812, avec un certain Pharamond suivi d'un certain Double Enlèvement qui avaient passé inaperçus, mais Calas et Thérèse ou V Orpheline de Ge- nève, à l'yVmbigu, lui avaient valu de retentissants succès, avaient montré qu'il était a nourri de la moelle des lions du mélodrame », comme disait de lui Al- phonse Royer.

Le polémiste, sans style, mais non sans vigueur qu'il y avait en lui, et par quoi il a une physionomie un peu h part dans la galerie des mélodramaturges, ce