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l/if) LE MÉLODRAME

Il faut que je vous dise que M. l'abbé Frayssinous, évoque d'Hermopolis... in parlibus (je ne peux pas vous dire cela en français, parce que cela vous ferait trop rire), est élu académicien : il prendra possession du fauteuil de M. Si- card : celui-ci faisait 'par'ler les muets ; celui-là, dit-on, a grande envie de faire taire les gens qui parlent. Toutes les feuilles littéraires sont à la recherche des œuvres du nouvel acadcjnicien in partibus; on met sens dessus dessous toutes les boutiques de libraires. Vaines recherches, elles sont mal- aisées. Nous avons chargé trois dames respectables, rédactrices de la Quotidienne, qui fréquentent assidûment prônes, sermons et conférences, de recueillir dans toutes les sacristies du royaume les titres littéraires de l'évêque d'Hermopohs in partibus.

Ce n'était pas sans doute très respectueux pour le prédicateur du roi, futur grand-maitre de l'Université, mais la condamnation était sévère, même pour cette époque de furieuse réaction. Le pauvre Diable rose mort, Ducange revint au roman. Mais il avait de la malchance avec l'autorité : V Amour et la Guerre pa- rut entaché de bonapartisme, grief particulièrement grave, alors. Nouvelles poursuites, en août 1823. Cette fois, Ducange jugea à propos de se soustraire h la con- damnation qiai l'attendait. Il pouvait craindre le sort de Magalon, l'un des rédacteurs de VAlbtim. Ce Maga- lon avait pourtant donné des preuves de royalisme, et il avait été à Gand, pendant les Cenl-Jours, Mais il avait éprouvé quelque écœurement des abus du Pouvoir et il avait dit son sentiment sur l'arbitraire et le ridicule de quelques-unes des mesures récentes, et l'hypocrisie qu'elles aboutissaient seulement à déve- lopper. Treize mois de prison et deux mille francs d'amende furent la réponse de la justice. Et quelle pri- son ! Ce fut à Poissy qu'il commença à subir sa peine, parmi les pires malfaiteurs : sans l'intervention de Chateaubriand, il l'eût achevée dans des conditions révoltantes, Victor Ducange ne tint pas à connaître de trop près les forçats, bien qu'il les mît en scène d'aventure, en ses mélodrames, et il se réfugia à