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144 LE MÉLODRAME

dant (le parler politique, il dit son mot sur les élec- tions, où il n'épargne pas certaines personnalités, telle que M. de Ravignan. C'est celui-ci qui, naguère, dé- clara qu'on avait singulièrement exagéré les mas- sacres du Midi et qu'ils n'avaient pu effrayer que les enfants... — Oui, écrit "Victor Ducange, les enfants des victimes.

On sent qu'il fait grand effort pour retenir sa plu- me, *et, alors, il raconte des histoires sentimentales, mais, comme malgré lui, elles prennent une tournure libérale et telle aventure commencée d'une façon pure- mont romanesque finit par un chapitre qui s'appelle le Sergent de la Loire, où il ne peut retenir son indi- gnation contre les traitements imposés aux vieux sol- dats qui, naguère conquéraient le monde. Il lui échappe de railler l'éloquence judiciaire; il est payé, ou plutôt il a payé pour la connaître dans les réquisitoires des procès de presse. Il y a là de quoi exercer amplement son ironie, car il y a quelque chose de plus extraordi- naire, aujourd'hui, de plus comique, de plus ridicule que les vieilles pièces : ce sont les discours des « ul- tra » et les harangues, devant les tribunaux, de M. de Marchangy et des autres. Un procureur du Roi vient de tonner contre l'esprit de démence qui menace la vieille Europe. « La vieille Europe est folle, dit Du-- cange; j'en suis convaincu. Dépêchons-nous donc d'en faire une toute jeune. »

Cette mince gazette, avec ses réticences, ses mots presque retirés, après qu'ils ont été lancés, donne bien l'impression qu'on étouffe dans l'atmosphère de la Restauration. Victor Ducange parle assez souvent théâtre, dans le Diable rose, et, chose assez piquante, il ne se fait pas faute de narguer le mélodrame, lui qui ne se gênera pas pour développer des situations aventureuses, à l'Ambigu ou h la Gaîté ; il crie à Tin- vraisemblance des ouvrages dont il rend compte.

Mais les jours du Diable rose sont comptés. Pour le