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134 LE MÉLODHAMK

Caigiiicz se mit à l'œuvre et refit la pièce en trois semaines. On travaillait vite à cette époque.

— Voilà, dit-il, qui ne ressemlle plus beaucoup à ce que vous m'avez remis. Cependant, il faudrait retrou- ver celui qui nous a fait ce mystérieux dépôt.

— Vous y tenez ?

— Mais oui... ne fournissons pas l'occasion d'un procès.

— Eh oui... une note dans les Petites AHiches. Gaigniez la rédigea : (( La personne qui a déposé à,

ia Porte-Saint-Martin un manuscrit intitulé : la Pie voleuse, est priée de passer au théâtre pour la distri- bution des rôles. »

Ce ne fut que trois jours après, cette distribution étant déjà arrêtée, d'ailleurs, qu'on vit arriver à la Porte-Saint-Martin, un tout jeune homme. Il s'appelait Baudouin, et était employé de ministère. Sa surprise fut extrême en- apprenant que sa pièce avait été refaite et qu'elle avait déjà été lue aux artistes.

— M. Gaigniez veut bien vous laisser signer avec lui, dit Saint-Romain.

Baudouin pensa que c'était encore bien heureux.

— Seulement, reprit Saint-Romain, vous n'allez pas mettre votre nom... Baudouin... Gela ne dit rien, ou cela dit trop ; vous auriez l'air d'un revenant des Croisades... Tenez, vous vous appellerez sur l'affiche Daubigny (1).

G'est ainsi que le jeune auteur fut joué sans qu'il restât rien de son œuvre, et qu'il n'eut pas même le droit de garder son nom. Gaigniez se prit d'ailleurs

(1) Daubigny, après le succès de la Pie voleuse, qui l'avait mis en goût, malgré les singularités de ses débuts, composa d'autres mélodrames, en se passant de Gaigniez, malgré les bons rapports qu'il avait eus avec lui. Ainsi flt-il représenter les Deux Sergents (1823) dont le troisième acte fit beaucoup d'effet, en dépit de ses invraisemblances. Deux sergents ont été condamnés à mort par un conseil de guerre, mais une demi-