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128 LE MÉLODRAME

mandstadt sa personnalité et ses droits. Le tout agré- menté de batailles et de ballets.

Caigniez suit manifestement les chemins de son rival. Celui-ci a fait pleurer, dans le Pèlerin blanc, sur les aventures de deux enfants, ébauche de tous les Deux gosses futurs : Caigniez mettra aussi en scène d'inté- ressants orphelins dans les Enfants du Bûcheron, qui ne sont pas, comme on l'entend bien, les fils d'un pay- san, mais ceux d'un certain Théobald, dont l'infâme Lorédan a accaparé les biens considérables, poursui- vant de sa haine ses jeunes héritiers. Llllustre Aveugle (1806) est un mélodrame digne du maître du genre, et d'après ses procédés, car un héros infirme et déjouant cependant tous les pièges émeut sûrement le spectateur. Dans la cabane d'un vieux soldat, vit un jeune aveugle, Edmond, recueilli et élevé par ce vétéran. Cet aveugle n'est rien moins que l'héritier légitime du trône de Pologne. Sa mère, crai- gnant le ressentiment du roi son époux pour avoir mis au monde ce prince atteint de cécité (ce Polonais ne pouvait admettre qu'un héritier solide), a obéi à une coupable pensée, et à cet enfant mal venu, abandonné par elle, elle en a substitué un autre qu'attend la cou- ronne. Mais la reine a des remords et fait rechercher son fils, ce qu'apprend un certain palatin de Sandomir, qui songe à exploiter la situation à son profit. Pour, ceindre cette couronne, il lui faut supprimer à la fois et le vrai prince, et celui qui, à son insu, usurpe son rang. C'est donc leur mort à tous deux qu'il a juré. Ses criminels projets sont naturellement déjoués, et il expie comme il convient ses barbares tentatives de meurtres. Edmond reprend tous ses droits, mais il les abandonne magnanimement à l'héritier supposé qui a fait assaut avec lui de générosité. Une scène produisit un grand effet : celle où l'aveugle, en tâtant la main de l'homme qui voulut le tuer, le reconnaît, à une cicatrice qu'il