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LE MÉLODRAME 127

Salomon, avec bonhomie, lui sait gré, adoucissant, pour cette déclaration, le châtiment dont il allait la frapper.

Les jeunes filles de Jérusalem, qui étaient ren- trées pendant la scène précédente et étaient res- tées dans le fond, s'approchent et chantent les vers suivants.

Une jeune fille, en coryphée.

Leàla voit en ce beau jour Terminer sa peine cruelle En formant mille vœux pour elle Pardonnons l'erreur de l'amour. Et ne voyons que le modèle. De la tendresse maternelle.

Et voilà comment, en 1802, on obtenait, à l'Ambigu, trois cents représentations. On avait vraiment affaire à un bon public, et qui avait des trésors d'attention et de sensibilité. Les sujets bibliques séduisaient Caigniez ; les circonstances politiques l'encouragèrent dans cette voie pour le Triomphe du Roi David (Gaîté, 1805). Puis il abordait le mélodrame à la façon de Pixerécourt avec la Forêt d'Hermandstadt ou la Fausse épouse. Ah ! Pixerécourt se plaisait à mettre en scène des Hongrois et des Polonais ? Caigniez appelait à lui les Bulgares. Elisène, princesse de Bulgarie, se rend à Hermandstadt pour y épouser le prince de Transylvanie. Le père de la princesse a compté sans le traître Oswald, qui est épris d'elle, capable de tout pour satisfaire sa passion. Il l'enlève et nous retrouvons les souterrains, et les bri- gands. Par un profond machiavélisme, il s'est arrangé de telle sorte que c'est la sœur d'Elisène que recevra, h sa cour, le prince de Transylvanie, et qu'il prendra pour sa fiancée, bien que sans enthousiasme. Ce n'est qu'un jeu pour Caigniez, maître de la formule mélo- dramatique, que de faire échapper Elisène à tous les périls qui la menacent, pour venir repfendre à Her-