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VII

Un autre père du mélodrame. — Caigniez. — « Le Jugement de Salomon ». — « La forêt d'Hermandstadt ». — Le foyer de la Porte Saint- Martin. — Le directeur Saint-Romain et sa recette pour faire un mélodrame. — Le manus- crit de « la Pie voleuse ».

LA postérité n'a pas retenu le nom de Caigniez, comme elle a fait pour Pixerécourt et, partant, il a été moins raillé. Dans l'histoire du mélodrame, première manière, Caigniez joue pourtant un rôle im- portant. C'était une plaisanterie chère aux petits jour- naux de théâtre du temps que de dire que si Pixerécourt était le Corneille des boulevards, Caigniez en était le Ra- cine. En fait, ses inventions ne furent guère moins tru- culentes que celles de son rival et elles n'avaient pas souci de plus de vraisemblance. Sa popularité ne fut pas assise sur d'autres bases. Mais il avait été avocat, et il le restait, en quelque sorte, au théâtre, par quel- que chose de plus insidieux que Pixerécourt, par le goût qu'il avait de peser le pour et le contre, et ses personnages semblaient parfois plaider.

Il descendait d'une vieille famille de robins : son grand-père, inscrit en 1706, avait été doyen des avocats au Conseil d'Artois ; son père avait été inscrit en 1759 (1). Né en 1762, ayant embrassé la profession de ses ascendants, Caigniez eût sans doute mené une

(1) Archives du Pas-de-Calais.