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LE MÉLODRAME 117

une surface de plusieurs pieds carrés. En moins de deux minutes, tout espoir de salut est perdu.

On évacue la salle, l'édifice croule, tout périt, un pompier, une femme et deux aides sont victimes de l'épouvantable catastrophe.

Il paraîtra toujoiu*s incroyable, impossible même, si l'évé- nement n'avait prouvé le contraire, qu'en plein jour et en présence de cent personnes réunies sur un si petit espace, le feu se soit étendu avec une telle violence que deux minutes au plus aient sufii pour rendre tout secours inutile, sans qu'on ait été averti de la présence du danger par le cri : « Au feu ! » si naturel de la part de ceux qui étaient en position de voir les premiers : on veut parler ici des per- sonnes qui étaient au cintre, côté gauche.

Une première enquête a eu lieu devant le commissaire de police ; une seconde est commencée et se poursuit, au Palais, devant le juge d'instruction. Leur résultat fera connaître si ce désastre doit être attribué à la malveillance ou s'il n'est dû qu'à un cas fortuit.

Il est aisé de voir, au ton de ce mémoire, rarrière- pensée des administrateurs ; ils ne pouvaient formuler une accusation précise, mais ils étaient portés à croire à un attentat qui, peut-être, avait dépassé dans ses conséquences la volonté de ses auteurs.

Tous les témoins s'accordent à dire que le feu pouvait être éteint avec la main dès le principe ; cette opinion mérite d'autant plus de créance qu'il ne se passe pas de semaine, peut-être, où, dans les théâtres de Paris, le feu prenne à ce que Ton appelle les frises ou pendrillons. Mais on l'éteint aussitôt sans que la représentation soit retardée ou inter- rompue et sans que le public s'en aperçoive, par l'applica- tion instantanée des éponges mouillées dont les pompiers sont armés.

Le mémoire s'en prend alors aux pompiers, et pro- duit un calcul assez piquant.

Si les pompiers avaient été h leur poste, comme ils y sont le soir pendant la représentation, le feu eût été étouffé dès le principe. L'administration avait pris d'avance toutes les mesures de prudence et de sûreté que prescrit la police. La grande garde des pompiers avait été demandée extraor- dinairement. Mais ils étaient réunis dans ce qu'on nomme