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110 LE MÉLODRAME

volonté énergique. On était si près d'un désastre que les vanités elles-mêmes consentaient à une passagère abdication pour demander un sauveur (1). Pixerécourt accepta la tâche difficile de relever cette scène.

Il avait écrit lui-même nombre d'opéras-comiques ; il avait travaillé avec presque tous les compositeurs d'alors, Gresnick, Kreutzer, Nicolo, Solié, Gaveaux; il connaissait bien ce théâtre. Il se mit à l'œuvre avec l'ardeur qu'il mettait en toutes choses. Il rappela les auteurs inquiets, il donna coup sur coup nombre d'ou- vrages nouveaux. Sa direction fut singulièrement ac- tive. Elle eut à son acquit le Solitaire, le Valet de Chambre, de Carafa, la Leçon du Village, et les En- fants de Maître Pierre, de Kreubé, Leicester, la Neige, Léocadie, le Maçon, le Timide, d'Auber, le Muletier, le Roi René, le Lapin blanc, Marie, d'Hérold, les Créo- les, les Deux Mousquetaires, de Berton,- les Sœurs ju- melles, le Duel, de Rifaut, Ethelvina, de Batton, etc.

Il ramena le public, et son coup de maître fut, en 1825, le succès de la Dame blanche, qu'il avait, en quelque sorte, arrachée à Boïeldieu, et qu'il monta en vingt-neuf jours, ayant décidé de passer, bien que l'ou- verture ne fût pas encore écrite l'avant-veille de la première. Pixerécourt, par certains côtés, au moins, était assez moderne. Les communiqués des directeurs d'aujourd'hui, tant qu'ils se décernent de louanges, n'égalent pas, en lyrisme, ceux qu'il adressait aux journaux, et peut-être ne retrouverait-on pas facile- ment un pendant à la lettre qu'il fit insérer deux jours avant la représentation de la Dame Blanche :

Hier soir, après la répétition, j'ai témoigné, devant tout le moncJe, ma satisfaction. J'ai ajouté que, pour ne pas être l'écho du public, je voulais devancer son jugement et ses éloges en donnant à Boïeldieu une preuve, positive de notre

(1) Manuscrits de la Bibliothèque de la Ville de Paris. N. A., fol. 676.