Page:Ginisty - Le Mélodrame, Michaud.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

104 LE MÉLODRAME

qui parlait d'un ton tranchant et sans appel quand il s'agissait des théâtres du boulevard, à une épreuve devant ses amis, Bouilly, Vial, Talma, avec qui il était fort lié, Gavaudan, le chanteur Martin. Il se sentait redevenu un débutant, tant il était inquiet. La Comédie-Française lui apparaissait prestigieuse ; on voit qu'il avait souvent pensé à elle, comme un amant longtemps trop fier pour déclarer sa flamme. Cependant, satisfait de son succès de lecture, il ne sou- haita plus la représentation, se rendant aux bons avis d'une femme* de sûr jugement, la veuve de Dalayrac, qui lai représenta qu'il n'avait rien à gagner à cette partie... Pour une fois que Pixerécourt s'était (( appli- qué », il n'avait réussi, lui, l'homme des coups de théâ- tre, qu'à l'ébauche la plus pâle et la plus fade, en des vers furieusement raljoteux :

« Croyez-vous que le rang puisse ôter un plaisir Dont le tendre besoin au cœur se fait sentir, etc. »

Ce ne fut donc pour Pixerécourt qu'un flirl avec la Comédie, et il revint à ses mélodrames.

II

L'homme de théâtre fut complet en Pixerécourt, puisqu'il fut auteur et directeur. Comme auteur, il se préoccupa de la situation matérielle des écrivains dra- matiques, et il fut un des fondateurs du Comité des Auteurs, le 14 brumaire an XIV.

Les directeurs de Paris payaient des droits minimes : Pixerécourt avait eu tel de ses ouvrages acheté pour une somme dérisoire. Les droits, quand on consentait à en accorder, allaient de quatre à neuf francs par acte. Il ne semble pas que le Comité des Auteurs ait réussi à beaucoup modifier ces habitudes parcimonieuses ou à imposer des conventions uniformes à Paris. Les au- teurs qui jouissaient de la faveur du public, et dont les