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CRÉPUSCULE


Rougeoyant le sommet des monts silencieux
Le soleil agonise au fond d’une fissure
Trouant l’azur. Le nord, ainsi qu’une blessure,
Ensanglante le front vaste et serein des cieux.

Les bruits se sont tu ; c’est l’instant crépusculaire.
Sur terre, il n’est plus jour ; au ciel, il n’est pas nuit :
Car le long de la rive un peu de clarté luit,
Auréolant d’un pin le faîte séculaire.

Les toits se font rêveurs. Là-bas, le vieux clocher,
Sur l’aile de la brise, égrène son antienne
Disant au moissonneur qu’il est temps qu’il revienne
Pour prendre du repos, manger et se coucher.

Et par la vieille route aux arbres solitaires,
Sous le pas lent des bœufs et le fardeau des blés,
Défilent les chars lourds, les hommes accablés
De fatigue et sentant l’odeur âcre des terres.