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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Il s’abat en striant de larges cicatrices
Le bon visage ancien des côtes et des champs.
Il grossit les fossés que la neige aux penchants
Gonfle loin du berceau des sources cantatrices.

Il s’acharne à ployer les branches sur le sol ;
Torturant à plaisir chênes, cèdres, jonquilles.
Brisant les nids cachés à l’ombre des charmilles
Où l’oisillon tentait hier son premier vol.

Et quand tout le pays est inondé, l’orage
Précipite des flots le farouche élément
Vers la rive où s’élève un vieux moulin dormant,
Dont la vanne au repos se lamente et fait rage.

L’orage en sa colère est aussi bienfaisant.
C’est en lui que la meule, au temps de sécheresse
Puise la force qui doit boire avec largesse
Le grain de blé vermeil comme l’orge pesant.