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LIMINAIRE


C’est encore et toujours mon pays que je chante,
Mon village natal, son clocher, ses maisons ;
C’est le calme béni de ses bleus horizons ;
C’est le riant aspect de sa beauté touchante ;

C’est la fécondité de ses blés chevelus ;
C’est son regard rêveur d’aïeul aimant et tendre
Qui bien mieux me comprends que je sais le comprendre ;
C’est l’exil de ses fils qui ne reviendront plus ;

C’est son nom glorieux sans souillure et sans tache ;
C’est son fleuve géant en tous sens sillonné ;
Enfin, c’est l’humble coin de terre où je suis né,
Où plus d’un souvenir à jamais m’y rattache.

Pour chanter sa splendeur et dire son accueil,
Oh ! que mon cœur voudrait plein d’ardeur et de force,
Se libérer soudain de sa rugueuse écorce
Et proclamer sa foi jusque dans mon cercueil.

Mais mon rude langage, éclos loin de la ville,
Ne connaît de l’orgueil que sa simplicité ;
Voilà pourquoi, je chante avec naïveté.
Des terriens de chez-nous l’œuvre auguste et servile.

Il me suffit alors d’évoquer leur bonheur,
De prier un moment en notre langue agreste,
Pour que pleure en mon verbe ou palpite en mon geste
Le culte que j’éprouve à vanter leur labeur.